Depuis l’an 2000, le 21 février célèbre l’usage des langues maternelles et réaffirme l’engagement de l’UNESCO en faveur du plurilinguisme. La Journée internationale de la langue maternelle a été lancée en hommage au Mouvement pour la Langue qui défendait la reconnaissance du bengali comme langue officielle du Pakistan Oriental (actuel Bangladesh). En effet, lorsque le Pakistan fut créé en 1947, il était alors composé de deux États, l’actuel Pakistan, appelé Pakistan Occidental, et le Pakistan Oriental, et en 1948 l’ourdou fut décrétée seule langue nationale, provoquant le mécontentement de la population bengalophone. Le 21 février 1952, alors que toute manifestation et rassemblement public était interdit, les étudiants de l’Université de Dhaka défilèrent contre cette loi. La répression se révéla féroce avec la mort de plusieurs étudiants, tués par la police. Ce n’est cependant qu’en 1956 que le bengali accédera au statut de langue officielle, avant que le Bangladesh ne finisse par prendre son indépendance en 1971. Aujourd’hui encore, la Journée internationale de la langue maternelle est un véritable jour de fête pour les Bangladais.
En instituant cette journée, l’UNESCO a pris un engagement fort pour la défense de toutes les langues parlées sur Terre, quel que soit leur nombre de locuteurs et leur degré de prestige. Chaque langue doit être préservée et a sa place dans un monde plurilingue et pluriculturel. Cet engagement se situe dans la droite lignée du travail de l’UNESCO pour la protection du patrimoine immatériel de l’humanité, notamment dans le cadre de l’enregistrement et de la préservation des langues menacées de disparition.
Cette année 2016, la Journée internationale de la langue maternelle est plus précisément dédiée à la question des langues d’enseignement afin de souligner l’importance de l’usage des langues maternelles dans l’éducation, lors des premières années de scolarisation. « Une approche multilingue facilite l'accès à l'éducation — tout en promouvant l'équité — pour les populations qui parlent des langues minoritaires et autochtones, en particulier les filles et les femmes. Elle insiste sur la qualité de l'enseignement et de l'apprentissage en mettant l'accent sur la compréhension et la créativité, plutôt que sur la mémorisation et le « par cœur ; c’est une approche qui renforce l'aspect cognitif de l'apprentissage en assurant, grâce à l'utilisation de la langue maternelle, que ce qui est appris est appliqué directement dans la vie de l'apprenant ; elle développe davantage le dialogue et l'interaction entre l'apprenant et l'enseignant en offrant la possibilité d'engager une véritable communication dès le départ. » (source : http://fr.unesco.org/events/journee-internationale-langue-maternelle-2016 )
Afin de poursuivre la réflexion, ce lundi 22 février, a été organisé par l’UNESCO à Paris un colloque sur ce thème, en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. (Programme : http://www.unesco.org/new/fileadmin/MULTIMEDIA/HQ/ED/pdf/imld-2016-draft-agenda-fr.pdf )
Viviane Bergue