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Le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, base de l’enseignement linguistique en Europe

Le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues, base de l’enseignement linguistique en Europe

Publié en 2001, le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues a révolutionné l’enseignement des langues étrangères dans nos écoles.

Rappelez-vous, il y a encore une dizaine d’années, l’enseignement des langues dans le secondaire en France était majoritairement basé sur l’apprentissage des codes écrits. L’épreuve de langue au bac étant alors une épreuve écrite, l’enseignement des langues était entièrement conçu en fonction de celle-ci, au détriment de l’acquisition des compétences orales. Ceci explique que pendant longtemps les bacheliers français ont quitté le lycée sans être capables de véritablement communiquer dans la ou les langues qu’ils avaient étudiées. Ce n’est désormais plus le cas. Tout a changé avec la définition du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues (CECRL), document qui établit à l’échelle européenne des niveaux communs de référence dans la maîtrise d’une langue et met l’accent sur les compétences communicationnelles, bien plus que sur la seule maîtrise de l’écrit.

 

Le CECRL, un cadre communicationnel

Le CECRL décrit six niveaux de langue, dont le degré de maîtrise est évalué selon cinq compétences : écouter, lire, écrire, parler en continu, parler en interaction. L’acquisition de l’ensemble de ces compétences est nécessaire pour être effectivement capable de communiquer dans une langue étrangère. Par conséquent, dans le cadre de l’enseignement, aucune de ces compétences ne devrait être privilégiée au détriment des autres. Ainsi, par exemple, il n’est pas suffisant de comprendre ce que dit un locuteur natif pour être capable de parler et de converser avec lui. Les compétences de compréhension et d’expression orale sont complémentaires mais non identiques puisqu’elles ne font pas appel aux mêmes processus cognitifs. De même, il est essentiel de différencier en expression orale la capacité de parler en continu, qui consiste à faire un discours souvent préalablement préparé à l’écrit, avec celle de parler en interaction qui implique une plus large part d’improvisation et d’adaptation à son interlocuteur.

En distinguant clairement les cinq compétences mises en œuvre dans l’usage d’une langue, le CECRL permet de mieux évaluer le degré de maîtrise de l’apprenant. En outre, il remet en cause l’évaluation sanction : l’apprenant n’est plus considéré comme étant bon ou mauvais dans une langue mais comme ayant atteint un niveau plus ou moins avancé dans la maîtrise de celle-ci. Les six niveaux du CECRL partent du plus basique, A1 (niveau débutant, aussi appelé niveau de découverte : l’apprenant connaît quelques mots et sait dire comment il s’appelle), au plus avancé, C2 (niveau maîtrise : l’apprenant n’a aucun problème pour comprendre et pour s’exprimer, et ses compétences linguistiques se rapprochent de celles d’un locuteur natif). Entre chacun de ces niveaux, la frontière n’est pas étanche. Autrement dit, l’apprenant peut très bien avoir atteint un niveau B2 (niveau indépendant ou avancé) en compréhension écrite mais avoir un niveau moins avancé (B1 ou A2) en compréhension orale.

De fait, le CECRL met non seulement l’accent sur la définition de la langue comme système communicationnel mais il permet aussi de mettre en évidence le fait que l’apprentissage d’une langue est un processus évolutif, au cours duquel il est toujours possible de s’améliorer.

 

L’impact du CECRL sur l’enseignement des langues

Graduellement au cours de ces dernières années, les systèmes éducatifs européens ont revu leurs programmes et leurs méthodes d’enseignement afin de se conformer aux attendus du CECRL. En France, cela s’est notamment traduit par une refonte des épreuves de langue du baccalauréat, aussi bien dans les séries générales que dans les séries professionnelles. Si auparavant ces épreuves consistaient uniquement en un examen écrit en fin de Terminale, elles sont désormais constituées d’un écrit final et d’un oral (souvent évalué en cours d’année) dans le cas des filières générales et technologiques, et d’une épreuve finale principalement orale dans le cas des filières professionnelles.

L’approche en classes de langues a également changé. À une méthodologie principalement basée sur la lecture et la compréhension de textes a succédé une méthodologie davantage axée sur l’interaction entre les élèves, avec plus de jeux de rôle pour pratiquer l’expression orale, et sur la réalisation d’une tâche finale (réalisation d’un exposé, d’un diaporama, d’une brochure, d’un projet de voyage,…). Par ailleurs, si les élèves doivent avoir acquis le niveau B2 à la fin du secondaire, ceux n’ayant pas atteint ce niveau devraient cependant se voir indiquer celui qu’ils ont effectivement.

Un nouveau test de langue, le CLES (certificat de langue de l’enseignement supérieur) a même été entièrement conçu selon les préceptes du CECRL. Toutefois, à ce jour, dans la plupart des centres d’examen, seuls les étudiants et les candidats aux concours de l’enseignement peuvent passer ce test. À noter, l’obtention du CLES 2, qui valide l’acquisition du niveau B2 du CECRL, est désormais obligatoire pour les candidats au CAPES.

À l’échelle européenne, la mise en œuvre du CECRL a entraîné une normalisation des programmes, et une standardisation des modes d’évaluation des compétences en langues étrangères. Les résultats obtenus aux différents tests de langue existants, qu’il s’agisse de l’IELTS et des examens de Cambridge pour l’anglais, du TestDaF pour l’allemand, ou du DELE pour l’espagnol, doivent indiquer à quel niveau du CECRL ils correspondent. Dans certains cas, comme pour le CLES en France, certains tests ont été bâtis pour évaluer et valider spécifiquement l’acquisition d’un niveau particulier du CECRL. C’est notamment ce que font les tests du Goethe Institut (Goethe Zertifikat für Deutsch B1, Goethe Zertifikat für Deutsch B2).

De façon plus générale, le CECRL est un cadre de référence solide pour juger des compétences linguistiques tant des Européens eux-mêmes que des nouveaux arrivants, et contribue à faciliter la mobilité des individus au sein de l’UE, que ce soit pour étudier ou pour travailler, grâce à une reconnaissance commune des mêmes niveaux de langue. Il s’agit donc d’un formidable outil non seulement pour l’enseignement des langues mais aussi pour le renforcement d’un espace européen commun.

 

Pour en savoir plus : http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/Framework_fr.pdf

Viviane Bergue

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